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Les particularités morphologiques du gascon

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Lo ton vesin


Guelha de bonda
Guelha de bonda

Le gascon pyrénéen a une forme spécifique d’article défini : eth, era, face à lo, la panoccitans employés dans le reste du domaine gascon.

On a trois séries de démonstratifs dans le sud-ouest du domaine : aqueste, aqueth et aceth, face à deux séries dans les autres dialectes occitans.

Les adjectis qualificatifs en –au sont épicènes* en gascon (sauf en Gironde) : la hèsta nacionau « la fête nationale », lg. la fèsta nacionala.

Les ordinaux sont formés à l’aide du suffixe –au (anciennement –ava au féminin, aujourd’hui ces formes sont épicènes), face à –en, -ena des autres dialectes : lo tresau còp « la troisième fois », lg. lo tresen còp.

Le pronom relatif, sujet (fr. qui) ou complément d’objet (fr. que), est qui au lieu de que dans les parlers qui emploient l’énonciatif que :
« Que son mei de cinquanta tà combàter lo sinistre qui gaha lo teit deu Crédit Maritime qui sòrten d’arrenavir » (Sèrgi Javaloyès) : ils sont plus de cinquante pour combattre le sinistre qui prend le toit du Crédit Maritime que l’on vient de rénover.

Certains suffixes nominaux se présentent sous des formes spécifiques :
a) Le suffixe latin –ARIU a abouti, dans un premier temps, à la forme –èir (-ièr, -ier dans les autres dialectes) : BOVARIU > boèir « bouvier ». Cette forme –èir s’est maintenue telle quelle dans les parlers de la Gironde et d’une frange nord des Landes, et s’est simplifié en –èr ailleurs : boèr.
b) Le suffixe latin –TORIU, -TORIA, a abouti aux formes –deir, -deira en gascon, -dor, -doira ailleurs : LAVATORIU > lavadeir « lavoir », lg. lavador ; minjadeira « mangeoire », lg. manjadoira. Ces formes –deir, -deira se sont elles aussi simplifiées en dehors de la Gironde et du nord des Landes : lavader, minjadera.
c) Les noms d’agent formés sur les verbes des deuxième et troisième groupes sont en –idor, -edor en gascon, face à, respectivement, –idor/-eire et –eire pour les autres dialectes : legidor « lecteur », lg. legeire, legidor ; venedor « vendeur », lg. vendeire.

Par rapport à ce qu’on observe dans le reste de l’Occitanie, la morphologie verbale du gascon présente de fortes spécificités :
a) L’infixe inchoatif (fr. finissons) se présente sous la forme –eish ou –ish face à –is dans les autres dialectes : basteishi, bastishi « je bâtis », lg. bastissi.
b) Dans certains parlers, comme le parler noir (cf. infra), de nombreux verbes du deuxième groupe ne prennent pas la conjugaison inchoative : òbre « il ouvre », ailleurs obreish, obrish, lg. obrís.
c) Dans plusieurs parlers (Béarn, Bigorre, Landes), on ne trouve pas l’infixe inchoatif aux première et deuxième personnes du pluriel : bastim, bastitz (bastishèm, bastishètz : Haut-Armagnac ; lg. bastissèm, bastissètz).
d) L’imparfait des deuxième et troisième groupes est formé, comme pour les verbes du premier groupe, à l’aide de l’infixe –v- : cantavi, bastivi, perdèvi ; alors que les autres dialectes présentent des formes du type lg. cantavi, bastissiái, perdiái.
e) Au futur, la première et la deuxième personnes du pluriel ont été refaites sur les autres personnes ; on a ainsi :
cantarèi cantaram
cantaràs cantaratz
cantarà cantaràn
Dans les autres dialectes, la première et la deuxième personnes du pluriel présentent les formes cantarem, cantaretz.
f) À part dans les parlers les plus proches du domaine languedocien, le prétérit n’est pas formé à l’aide d’un infixe : -èr- : cantèi, bastín « je chantai », « ils bâtirent », lg. cantèri, bastiguèron.
g) Le prétérit des verbes du troisième groupe se forme à l’aide de la voyelle –o- [u] (généralement), -e- ou –u- (dans certains parlers) : batoc (/batec, batut) : il battit, lg. batèt.
h) Le gascon occidental présente des subjonctifs avec la désinence –i pour les trois groupes et tant pour le présent que pour l’imparfait du subjonctif. Dans ces formes, l’accent tonique est toujours sur l’avant-dernière syllabe ; pour cantar, on a :
canti, cantis, canti, càntim, càntitz, cantin ;
et pour bastir :
basteishi, basteishis, basteishi, bastéishim, bastéishitz, basteishin.
i) Dans certains parlers de Béarn et de Bigorre, il existe un temps appelé « futur du passé » pour exprimer le futur dans un contexte passé ; le français emploie le conditionnel pour exprimer cette nuance :
« De paur de las maishantas lengas e deus crits qui’u hasoran a casa, que s’èra escapada, lèu hèit » (Miquèu de Camelat, La con•hession deu Jantin) : par peur des mauvaises langues et des réprimandes qu’on lui ferait chez elle, elle s’était échappée, vite fait
Ce temps peut aussi exprimer l’irréel du passé, que le français exprime par le conditionnel passé :
« Lucina… dont los uelhs e’s hasoran compréner sense ajudas de la paraula » (id.) : Lucine… dont les yeux se seraient faits comprendre sans recourir à la parole.
j) Les infinitifs en –ĕre du latin aboutissent toujours à des formes paroxytones* en –er, et jamais en en –re (comme c’est le cas le plus fréquent dans les autres dialectes) : credĕre > créder, lg. creire. En médoquin, toutefois, on trouve des infinitifs en –re.

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