Mercredi 02 Décembre 2009 Sud-Ouest
Du rififi chez les écolos
Rien n'est simple dans la constitution de listes avant une échéance électorale. Le mouvement Europe Écologie, fort de son succès aux européennes, en fait aujourd'hui l'amère expérience. Du moins dans les yrénées-Atlantiques. Petit retour en arrière. Samedi dernier, lors de leur assemblée générale régionale, les Verts Aquitaine ont élu Jean Lissar, conseiller régional sortant, comme tête de liste pour les Pyrénées-Atlantiques, avec en troisième position le régionaliste David Grosclaude (Régions et peuples solidaires). Les réactions n'ont pas traîné. D'abord chez les « non-Verts » d'Europe Écologie, par la voix de Françoise Gadylarroze, membre du comité Europe Écologie Béarn et du omité paritaire régional d'Europe Écologie. Celle-ci dénonce un choix contraire au principe de parité 50-50 pour les têtes de liste et les places éligibles. Selon elle, les Verts n'auraient pas respecté le choix d'Europe Écologie 64, qui prévoyait David Grosclaude en numéro 1.
Parité
Que les différents partenaires d'Europe Écologie ne soient pas d'accord ici et là, cela peut se comprendre. Mais là où ça se corse, c'est que tous les Verts des Pyrénées-Atlantiques ne sont pas sur la même longueur d'onde. Rien de surprenant dans un parti habitué aux divisions. En Béarn, les réactions envers le scénario Jean Lissar tête de liste sont plutôt hostiles. Ainsi, Bernard Laclau-Lacrouts, adjoint Verts à la mairie de Pau chargé de l'urbanisme, ne décolère pas. Ses mots sont sans concession : « Quelle honte ! C'est une mascarade. Tout cela est ficelé depuis Bordeaux. Personne en Béarn et en Pays basque ne voulait de cette liste. Moi j'avais proposé que ce soit Yves Freyssinier, mais lui préférait David Grosclaude. C'était une très bonne idée, c'est bien de faire de la place aux régionalistes. » Yves Freyssinier, membre du bureau départemental des Verts, n'est pas en reste. « Cette candidature de Jean Lissar n'est pas légitime, assure-t-il. C'est une candidature d'appareil qui, si elle est confirmée, serait très mal vécue et ne serait pas propice à la dynamique de rassemblement qu'Europe Écologie a enclenchée lors des européennes. Un des engagements d'Europe Écologie, c'est la parité entre les Verts et les non-Verts. Et les Pyrénées-Atlantiques devaient faire partie des départements dont les listes seraient menées par des non-Verts. Le scénario de David Grosclaude comme tête de liste était consensuel. Quelqu'un de RPS à la tête de cette liste, c'était même un signe fort ».
Légitime ?
Du côté des Basque, du moins de certains adhérents verts du Pays basque, on n'est pas du tout du même avis. Ainsi, Daniel Hegoburu, secrétaire départemental des Verts Pays basque, considère que la candidature de Jean Lissar, vice-président du Conseil régional, est la meilleure possible. « Par ce qu'il représente sur le plan politique, par le travail effectué, sa légitimité est entière, estime-t-il. Est-ce que la liste des Pyrénées-Atlantiques devait être menée par un non-Verts ? Je réponds : pas davantage que dans les autres départements. Mais si au final il est décidé que c'est un non-Verts qui mènera la liste, alors il n'y a aucun problème, nous ferons une grosse campagne avec lui ».
Prudence
Qu'en pense David Grosclaude, relégué en troisième position par le bon vouloir et le vote des Verts aquitains ? « Je ne souhaite pas mettre d'huile sur le feu », dit-il avec prudence. Cependant sa « lecture » des derniers événements livre assez le fond de sa pensée : « Il s'est tenu, samedi, l'assemblée générale des Verts d'Aquitaine, qui a proposé un certain nombre de candidats devant permettre d'établir des listes communes avec les autres composantes d'Europe Écologie. Et ce sur la base de la parité. »
Dénouement aujourd'hui ?
Et Jean Lissar dans tout ça ? Le conseiller régional Verts rappelle l'avoir remporté samedi dernier avec « une quinzaine de voix d'avance ». « Je comprends que des gens ne soient pas d'accord, mais j'ai été désigné de manière démocratique », souligne l'élu qui note au passage que les divergences entre Verts béarnais et basques ne sont pas une nouveauté, avant de préciser : « Il y a quand même quatre ou cinq fois plus d'adhérents Verts au Pays basque qu'en Béarn. Et le comité Béarn d'Europe Écologie ne peut se permettre d'être l'alpha et l'oméga d'Europe Écologie dans le département (sic) » Bref, on l'aura compris, Jean Lissar n'a pas l'intention de céder la place. Le dénouement de cet imbroglio à la sauce Europe Écologie pourrait intervenir dès aujourd'hui. Dans l'après-midi, une réunion du conseil politique régional des Verts se tiendra à Bordeaux. Où la question sera évidemment abordée. Puis, dans la soirée, ce sera au tour de la commission d'animation politique régionale d'Aquitaine pour Europe Écologie qui se réunira. En présence, notamment, de David Grosclaude, de Françoise Gadylarroze ou encore de Daniel Hegoburu. Si l'ambiance est assurée, l'émergence d'une solution satisfaisante pour tous l'est beaucoup moins.
Auteur : O. P., T. L. et O. F.