Nous sommes particulièrement étonnés, blessés et surpris des
propos tenus par un journaliste de la télévision publique « France 3
sud », le lundi 14 avril dernier à 12 heures concernant la découverte d'un
souterrain aménagé, exploré à Saubens (31). Dans son commentaire, le journaliste
affirme que ce souterrain a été creusé pour se protéger des « armées des
cathares et autres albigeois qui pillaient allègrement les paysans ».
Faut-il rappeler que les Cathares n'étaient pas
des militaires et que le catharisme était une religion chrétienne qui prêchait
la non violence. Ce journaliste, au mieux a inversé maladroitement les rôles et
a fait preuve d'un grave manque de rigueur historique et de professionnalisme,
au pire a volontairement fait œuvre d'un étonnant
révisionnisme.
Il n'échappera en effet à aucun historien que
l'agression dont ont été victimes, notamment, les habitants du comté de
Toulouse, est le fait d'armées d'invasion, venues essentiellement de l'actuelle
Ile de France, commandées par Simon puis Aimery de Montfort et qui massacrèrent,
entre autres, la totalité des habitants de villes comme Béziers (25 000 morts)
ou Marmande (5 000 morts) et brûlèrent vifs des centaines de cathares, en
particulier à Minerve et Lavaur. De plus il est à noter que ces populations
envahies et persécutées étaient tant chrétiennes catholiques que chrétiennes
cathares.
(Quant à la découverte du souterrain en question,
afin de rétablir la vérité historique, on peut citer diverses dépositions devant
l'Inquisition du XIIIe siècle qui disent que de tels
« clusels » servirent au contraire de refuges pour des clandestins
cathares : bons hommes, bonnes femmes et croyants, pourchassés par le pouvoir
français et inquisitorial.)
De ce fait, au nom de plusieurs associations et
historiens médiévistes, nous vous demandons un droit de réponse afin de
rectifier des propos qui blessent et offensent gravement la mémoire de ces
martyrs et de ceux qui, aujourd'hui, œuvrent pour le respect de la diversité
culturelle, de la liberté de conscience et tout simplement pour la
tolérance.
Nous souhaitons rencontrer le journaliste qui a
commenté ce reportage et, par exemple, participer, aux cotés d'historiens
reconnus, à une table ronde dans le cadre d'un magazine, afin de rétablir la
vérité historique à la veille du huitième centenaire de ces événements qui
aboutirent à l'annexion du comté de Toulouse à la France
(1209-2009).
Nous sommes persuadés que notre antenne
« Régionale » qui se dit « plus proche de nous » aura à cœur
de réparer cette offense, cette contre-vérité désolante, et nous restons à votre
disposition pour toute initiative de votre part (reportage, table ronde,
interview etc...)
Nous restons attentifs et dans l'attente de votre
réponse que nous espérons rapide et constructive,
CONVERGENCIA
OCCITANA (J.-F. LAFFONT)
(Nous tenons à votre disposition l'énumération des associations et
historiens qui participent à cette requête)"
** La réponse du journaliste
*Monsieur le président
de Convergéncia Occitania,
Suite à la diffusion du
reportage sur le souterrain-refuge découvert à Saubens et aux réactions qu’il a
suscité, je m’adresse directement à vous en tant que rédacteur de ce
reportage.
Il m’importe tout
d’abord de préciser, en réaction aux propos tenus dans le communiqué, qu’à aucun
moment je n’ai voulu offenser la mémoire de quiconque et encore moins " faire
volontairement œuvre d’un étonnant révisionnisme ". Ainsi que vous avez pu le
voir dans ce reportage, le sujet n’avait absolument pas pour objectif d’accuser
tel ou tel de violences mais bien de mettre en lumière la volonté d’un
particulier de mettre à disposition du public le patrimoine historique présent
sur son terrain, et ce grâce aux bonnes volontés qui permettent de mener un tel
projet à terme. Dans ce cadre, il m’appartenait de préciser les conditions de
création et d’utilisation dudit souterrain.
Il apparaît que les
propos que j’ai tenus à cette fin sont erronés. Voulant évoquer la croisade
contre les Albigeois comme contexte de l’utilisation de ce type de souterrains,
j’ai commis une maladresse qui m’a conduit à inverser les rôles. Dans ce
cadre, le terme " allègrement " initialement utilisé à des fins de récit
n’en prend malheureusement que plus de poids.
Par ces éléments, vous
comprendrez qu’à aucun moment ma volonté a été de remettre en cause des vérités
historiques. Comprenant cependant la surprise que peut provoquer chez certains
la diffusion de ces propos sur une édition du service public, je vous présente,
ainsi qu’à ceux qui se sont sentis offensés, mes sincères
excuses.
En espérant que ces
précisions permettront à chacun de se faire une idée plus juste de la situation
grâce à une meilleure compréhension, je vous adresse, monsieur, mes cordiales
salutations.
Frédéric Fraisse
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