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« Ma vie parmi les ombres »

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1Question « Ma vie parmi les ombres » Jeu 25 Mar 2010 - 20:35

clafotis

clafotis
Occitan Warrior
Occitan Warrior

N'i a de la gent 'quí qu'an legits « Ma vie parmi les ombres » (francés) dau Richard Millet ?

'Quò sembla contar la vita dau tipe dins lu Lemosin, benleu un pauc reac.

bocins :
Après moi la langue ne sera plus tout à fait la même. Elle entrera dans une nuit remuante. Elle se confondra avec le bruit d'une terre désormais sans légendes. Les langues s'oublient plus vite que les morts. Elles tombent, comme le jour, le vent, ou le silence sur le monde où je suis né et qui était peuplé de gens rudes, peu loquaces, au visage tourné vers le couchant, et qui auraient souri de me voir, moi, le dernier des Bugeaud, seul de ma race à écrire aujourd'hui le français à peu près comme ils ont rêvé de le parler ou, pour quelques-uns, l'ont parlé, quand ils ne s'exprimaient pas en patois, dans ce parler limousin où s'entendaient encore, entre les souffles des animaux et ceux des grands bois, tous les temps du subjonctif, tandis que le français y renonçait et qu'ils parlaient, eux, avec ce respect de la syntaxe française qui était la véritable armature de l'homme, pour les Bugeaud comme pour les autres Siomois, y compris ceux qui parlaient mal mais qui considéraient que s'exprimer correctement était ici-bas la vraie, la seule gloire.

De legir maitot sos " defensors " dins los comentaris sus lu joèb dau Assouline (emai i aguesse de las conarias de ditas).


Un autre passage retient l’attention dans ces entretiens, qui sépare Richard Millet de Pierre Jourde. C’est la question du patois, qui est traitée par Richard Millet de manière extrêmement confuse et contestable. Et comme c’est une question qui agite le landernau assoulinesque, j’y reviens…
Voilà ce qu’en dit Millet :
“Je voudrais parler de quelque chose que nous n’avons pas évoqué encore, qui est le privilège atroce que nous avons d’assister à la disparition d’une langue, le patois.”
1°) Le patois du Limousin n’est pas une langue; c’est un idiome mal dégrossi et figé à un stade d’évolution archaïque de la langue qui elle, reste vivante et évolutive, et ouverte aux influences étrangères.
2°)Une langue c’est plastique, un patois c’est rigide et effritée comme une statue du Christ au coin d’un bois.
Richard Millet poursuit :
“A la différence de chez Jourde, chez qui on le parle encore, c’en est terminé chez moi.” Je voudrais bien savoir combien de kilomètres séparent Le Plateau de Mille Vaches de Lussaud. A en croire Millet, on dirait une distance
infinie. Or, c’est tout tout près. Ce qui en dit long sur la portée dudit patois…sensé selon lui enrichir notre univers mental de nuances (comme si la langue française en manquait… ! Belle défense de la langue française au passage…) et dont la perte signifierait un “appauvrissement”.
Il continue encore :
“C’était tout de même la langue des troubadours, ce qui veut dire en fait que nous étions jusqu’à présent capables d’entendre la poésie de cette époque.”
1°) Entre le patois des paysans du Limousin et la langue des troubadours, il y a ce qui sépare un simple idiome véhiculaire d’une langue littéraire, bien autrement complexe.
2°) Les troubadours parlaient une authentique langue, non figée, inassimilable à un patois. C’était le français du sud, la langue d’Oc.
Pour le nord, relisons n’importe quel trouvère et nous constaterons combien la langue des trouvère est difficile à comprendre sans une initiation savante. La langue des trouvères n’a strictement rien à voir avec le patois picard, ou très peu à voir ! Donc, là il y a de vraies confusions, une science inexacte des faits de langue et d’histoire.
3°) La langue des troubadours renvoie à tout un univers mental auquel il n’est pas si aisé qu’on serait a priori tenté de le croire, d’avoir accès, quand bien même on comprendrait la langue. Lire les troubadours, cela ne s’improvise pas. Il y faut une initiation savante, qui passe non seulement par la langue mais aussi par l’histoire, la culture littéraire.
4°) il n’est pas interdit de lire quand même les troubadours dans leur langue. Si tout prof de lettres est capable de lire les trouvères du nord, puisque la langue du Moyen Age fait partie obligtoirement de son cursus universitaire, il n’en va pas de même pour la langue d’Oc. Mais avec une traduction en face du texte, celle par exemple de l’édition de Jacques Roubaud, on comprend très bien la langue, ce n’est pas si compliqué pour qui a été initié à d’autres langues du sud de l’Europe et à la langue du nord au Moyen Age.
5°) Et pour la culture liée à l’époque des troubadours, on peut lire le petit livre très savant du grand historien Henri-Irénée Marrou (1) et le livre formidable de Jacques Roubaud qui analyse la poésie des troubadour en fin connaisseur des textes et de leur langue, c’est un vrai régal de le lire. En plus il a des approches très personnelles,
hors des sentiers battus de l’académisme universitaire qui sont très stimulants pour l’esprit.
Mais Pierre Jourde se contente de répondre par une dérobade :” Je ne partage pas tout à fait l’avis de Richard Millet sur ces questions.”
Puis il dérive sur les romantiques, qui eux, ont réinventé la langue, bien qu’ils se sentaient aussi comme “une génération perdue”. La fin du patois, lui n’a rien suscité, aucun renouvellement, sinon la nostalgie un peu grandiloquente d’un Richard Millet, qui fait parler les paysans comme Bossuet dans ses sermons, ce qui est splendide mais cocasse à la fois…

1, « Les troubadours » Henri-Irénée Marrou. Un libreton fòrça ben realisat sus los trobadors.

http://rapieta.wordpress.com/

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