Rappel du premier message :
Per los que se regaudisson d'un metro en "vertadier patois toulousain" compreniau pas plan ço qu'era le "patois toulousain" e ara merces a la depeche ai tot compres...........
et c'est vrrrrrrrrrrrrrrrrai que l'atsin du métrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrò e impecaple
Per los que se regaudisson d'un metro en "vertadier patois toulousain" compreniau pas plan ço qu'era le "patois toulousain" e ara merces a la depeche ai tot compres...........
et c'est vrrrrrrrrrrrrrrrrai que l'atsin du métrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrò e impecaple
Le parler toulousains se perd
Patrimoine
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Irons-nous toujours à Garonne ?
Qu’est-ce qui tombe à Toulouse en automne, qui commence par un f et
qui finit par un n ? La devinette est connue de tout l’Hexagone tant
est grande la réputation du parler toulousain. Mais ce langage aux
saveurs occitanes s’éteint tout doucement à mesure que la ville évolue.
« Ce qui m’a le plus frappé en arrivant à Toulouse ? Le vent
d’autan. Et puis cette façon de parler extraordinaire », se rappelle ce
retraité breton débarqué dans la Ville rose à la fin des années 50. «
D’une jolie fille, on disait dans le faubourg Bonnefoy qu’elle était
belle à faire sortir un fainéant de l’ombre ! » Et d’évoquer ces
brochettes d’aînés, adossés à leurs maisons sur un tabouret à deux
pattes.
C’est qu’à Toulouse, le français s’est toujours chanté sur un autre
air qu’à Paris, mais aussi qu’à Marseille. Le français officiel est
venu se greffer ici sur l’occitan, la langue d’origine du sud de la
France. Mais l’occitan possède lui-même, selon ses spécialistes, sa
ligne de démarcation, l’Hérault, qui sépare, tel un seuil, le
provençal, tout imprégné de douceur italienne, et le toulousain,
influencé par la rude Espagne.
Le français frappa aux portes de Toulouse au XVIe siècle. Il était
alors parlé dans le domaine des lettres, de la loi et du commerce,
avant même que l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 n’en fasse la
seule langue officielle du pays. Dès 1513, les Jeux floraux, théâtre
naguère de grandes joutes poétiques en langue d’oc, consacrent des
pièces de langue et de forme françaises qui donnent au poète Ronsard
l’occasion de briller.
Pendant plus de quatre cents ans, le français et l’occitan ont
coexisté et se sont enrichis mutuellement. C’est tout naturellement
l’occitan qui a donné toutes ses particularités au français parlé dans
les quartiers populaires de Toulouse, à son rythme, à son accent, à sa
syntaxe, à son vocabulaire quotidien. Ces affleurements si
caractéristiques prennent en linguistique le nom de « substrats » et de
« calques ».
Une syntaxe chahutée
Le parler d’ici, c’est d’abord un accent, ce fameux « r », parfois
roulé à la campagne, comme si la voix charriait tous les galets de (la)
Garonne, ou plus rocailleux, presque ibérique. Et ces voyelles qui
s’ouvrent comme des fleurs au soleil. Le « lé » (lait) y semble plus
crémeux et la « rose » plus épanouie qu’ailleurs. Le sud change
d’orientation et devient « sut », la table se voit nappée d’un « p » («
A taple, les pitchous ! ») et le gaz vissé par un « s », qui siffle
aussi à la queue des « gens », des « plus » et des « moins » (pardon, «
mouans »). Le « t » final y est prononcé, du côté de Muret, ou dans ce
« croustet » de pain que l’on grignote « avé plaisir » aux abords des
marchés.
Les « e » y sont robustes à l’intérieur et à la fin des mots, et les
nasales doubles bien distinguées. « Anne » ne se prononce surtout par «
ane » à la parisienne, du fait de son homonymie avec « âne » que le
Toulousain prive allégrement de son circonflexe – « Vous avez appelé
votre petite fille Anne, comme un ane ? ». « Anne », tout comme « année
» se disent donc « An-ne » et « an-née ».
Les phrases sont aussi joyeusement chahutées dans leur syntaxe. À
Toulouse, les articles passent souvent à la trappe. Entendu du côté de
Saint-Cyprien : « Dans demi-heure, nous irons à Garonne ». Ou bien, ils
sont utilisés à la place du possessif : « Et la belle-fille, comment
elle va ? ». Certains verbes sont employés de façon transitive. Qui ne
se souvient pas du succès de « Tomber la chemise » du groupe Zebda,
resté en tête des hit-parades pendant des mois ?
Les exubérants courants espagnols mettent à mal les rigoureuses
tournures françaises. « Il me l’a dit à moi » « Ils se la méritaient,
cette finale », « Il la bichonnait à cette bête », sont des
constructions typiquement ibériques. L’usage de la conjonction « que »
pour marquer une explication est aussi héritée de nos voisins espagnols
: « Viens ici, que je te mouche ».
Quant à l’usage du « con », il mériterait un traité à lui tout seul.
Le « con » toulousain est parfaitement inoffensif. Il est à prendre
tout au plus pour une virgule sympathique, une manière vigoureuse de
ponctuer le propos, à moins qu’il ne soit précédé d’un « pauvre ». Ce
qui en change alors totalement le sens…
Poches de résistance
Il faudrait un ou plusieurs dictionnaires pour dresser un inventaire
exhaustif du vocabulaire toulousain. Les mots de la Ville rose sont
riches et savoureux. Ils ont ce fumet de plat amoureusement mitonné à
la manière d’un « estoufet de haricots » (alias « cassoulet »).
Certains mots languedociens francisés n’ont pas trouvé d’équivalent
français, comme le « gafet » (commis, apprenti), ou la « glousse »
(poule-couveuse). Le monde de l’agriculture, de l’outillage, et de la
cuisine est bien souvent imprégné d’emprunts à la langue vernaculaire.
L’ « estranger », apostrophé par un typique « quelqu’un plus ? » ne
reste jamais sur sa faim quand on lui sert des « coustelous », un « bon
peu » de « cansalade » ou des lingots de pays qui ne doivent surtout
pas être « rabastinés » (trop cuits).
Le domaine du cœur n’est bien sûr pas épargné. La terminaison « ou »
concentre tout l’amour du monde. Les « pitchous » ont droit à des «
poutous » sur le « ventrou ». Tous les sentiments trouvent un lointain
écho occitan. Surprise ? Quez aco ? Fatalisme ? Raï ! Colère ? Macarel
! Dégoût ? Bé ! Étonnement ? Eho !
Et puis, il y a ces mots qui rendent le Toulousain repérable à mille
lieues à la ronde : cette « poche » qu’il a tant de mal à recycler en
sac plastique, et cette « chocolatine », décidément plus appétissante
que le pain au chocolat de la capitale.
Jusqu’à quand vont pouvoir résister ces fameuses poches, justement ?
Certes l’occitan est étudié à l’université. Il a droit de cité sur les
antennes régionales et dans bon nombre de publications. Il figure sur
les plaques de rues. Il prend même le métro, où les noms des stations
sont annoncés dans les deux langues, suscitant parfois d’irrépressibles
fous rires.
Mais le parler toulousain ? Déjà, dans les années 50, les linguistes
prédisaient l’effacement des substrats occitans au bénéfice des normes
d’un français plus officiel. S’impose peu à peu partout en France une
langue standard diffusée par la radio et la télévision. La phrase y
perd toute ligne mélodique. Les mots y sont scandés selon leur valeur
informative ou leur charge émotionnelle.
Un nivellement inévitable
Bon nombre d’expressions qui faisaient le charme du parler local ont
pratiquement disparu. Il faut les débusquer à la lisière des marchés où
on peut encore entendre quelques « raï» ou « macarel ». « Finalement,
qui parle vraiment toulousain, aujourd’hui ? Quelques aînés, entre deux
courses, ou au foyer de leur quartier », constate cette commerçante de
Saint-Cyprien. La mort des petits commerces de quartier où il faisait
bon faire un brin de causette a encore accéléré le processus. Car pour
parler toulousain, il faut déjà qu’existe un espace de convivialité
propice à l’échange et où l’on se reconnaît entre « pairs ».
La lente extinction du parler local s’explique aussi par le
formidable brassage de la population généré par l’industrialisation de
la région. La présence de néo-Toulousains venant de toute la France
contribue à la disparition progressive des reliefs trop accidentés de
la langue du Midi. Tout se parle, d’ailleurs, à Toulouse : l’anglais et
l’allemand, voire le japonais, s’invitent au marché de Tournefeuille,
des accents arabes et africains résonnent parmi les étals du quartier
de la Faourette. Et l’Espagne pointe toujours sa corne du côté de
Saint-Cyprien et de Victor Hugo.
Le français se constitue et se reconstitue au gré des courants qui
traversent une communauté. C’est une langue qui se nourrit, s’enrichit,
se transforme, à la manière d’un organisme.
«L’histoire du français est celle d’une évolution constante. On ne
parlait pas au début du XXe siècle comme du temps de Ronsard ! On ne
peut donc pas imaginer que les Toulousains du XXI e siècle parleront
comme leurs grands-pères », analyse ce professeur de lettres classiques
de la banlieue toulousaine. Cette mutation est déjà observable dans la
manière de parler des jeunes Toulousains. Ces derniers piochent
allégrement dans tous les registres et tous les niveaux de langue. Et
n’hésitent pas à marier les tournures ou le clavier mélodique de
l’occitan à la rugosité un peu rap de l’accent du français des
banlieues. Exemple typique de ce détonnant cocktail, le « Ça me gave
grave, con », qui sort fréquemment de la bouche des lycéens.
Ce français-là n’est certainement pas celui qu’ils parleront devant
un adulte ou quand ils se retrouveront sur le marché du travail. Il
signe cependant leur appartenance à une communauté et délimite leur
territoire, à quelques pas des enclaves préservées des boulodromes où «
ceuss» qui veulent jouer à la pétanque sont toujours les bienvenus. «
Chacun parle à sa manière. Pourvu qu’on se comprenne ! », conclut un
habitué du parc Fontaine Lestang avant de retourner à sa partie. Aussi
simple qu’une feuille qui tombe, en somme.