Per la lenga occitana Pour la langue occitane Nous serons plusieurs milliers d'Aquitains, ce samedi, à Carcassonne, pour manifester avec des milliers d'autres Occitans en faveur de vrais droits pour la langue occitane (1). Cette langue est le bien collectif de tous ceux qui vivent en terre occitane, même s'ils ne la parlent pas. C'est un élément du patrimoine de l'humanité.
Défendre la diversité linguistique alors que les grands équilibres de la planète sont menacés tombe sous le sens. La diversité des langues et des cultures est aussi vitale que la diversité biologique.
Nous avons appris ces jours derniers que le projet de loi promis par le gouvernement sur les langues territoriales de France n'était pas encore à l'étude. Cette loi devait être présentée en 2009, comme cela avait été dit à l'issue du débat constitutionnel de 2008.
À l'occasion de ce débat, les langues régionales ont été inscrites dans la Constitution comme « patrimoine de la France ». C'est un petit pas, symbolique mais très insuffisant.
Un patrimoine se défend, s'entretient et se développe. Il faut donc une ou plusieurs lois pour définir clairement le statut de notre langue et des autres langues de France. L'inscription dans la Constitution n'a eu aucun effet concret.
L'enseignement de l'occitan ou en occitan est sinistré. Des parents manifestaient encore la semaine passée en Lot-et-Garonne pour dénoncer l'inertie de l'administration. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Pourtant, la Région Aquitaine et le rectorat ont signé une convention sur le sujet. On n'avance pas !
Dans les médias ? Six minutes par semaine sur France 3 Aquitaine, vingt à trente minutes par semaine dans deux autres régions. Ridicule ! La radio publique fait encore moins bien. Nous sommes le pays le plus en retard d'Europe en ce domaine.
L'enquête récente menée en Aquitaine montre que la population est favorable à une politique linguistique. Alors, qu'attendons-nous ? Que la langue soit morte pour nous lamenter ?
Ce que nous demandons, c'est une offre généralisée d'enseignement, une radio et une télévision publiques en occitan. Il faut une place pour la langue dans la vie publique et une politique de soutien à la création en occitan.
Cette politique linguistique c'est l'affaire de l'État et des collectivités (régions, départements, communes). Ne rien faire aujourd'hui serait condamner la langue à mort. Et pourtant, elle se parle aujourd'hui ; voyez l'enquête.
Bien sûr, elle se parle moins qu'hier ; mais connaissez-vous une langue qui résisterait à ce traitement : des années de mépris, une absence d'enseignement, peu ou pas de politique de soutien ?
Nous sommes le seul pays d'Europe à ne pas avoir le respect de sa propre diversité. Pourtant, de langue occitane, basque, bretonne, catalane, nous sommes des citoyens de la République. Peut-être nous demande-t-on de nous couper la langue (de ne pas la transmettre et de ne pas vouloir la promouvoir) pour être de vrais citoyens ?
Ce n'est pas cette République qui est la nôtre. Pour nous, elle doit être ouverte à la diversité des langues et des cultures, respectueuse de cette richesse. Elle se renierait à croire que l'uniformité est la condition de l'unité et de l'égalité.
On ne sauvera pas la diversité de la planète si l'on ne respecte pas les hommes et les mots dont ils disposent pour dire cette diversité et pour écrire l'avenir. La définition du monde de demain ne se trouve pas dans un dictionnaire unique.
(1) Une manifestation est aussi organisée à Bayonne en faveur de la langue basque.
David Grosclaude
président de l'Institut d'Estudis Occitans